En ce mois de mars 2025, Camille et Pierre sortent de leur banque avec le sourire. Elle vient d’accorder à ce couple de commerçants le crédit immobilier qu’elle leur avait refusé 18 mois plus tôt, quand les taux dépassaient les 4%, sur fond d’inflation élevée. Un niveau qui nécessitait que Camille et Pierre gagnent au moins 3 760 euros net par mois pour que la mensualité de remboursement de leur emprunt de 200 000 euros, sur 20 ans, ne représente pas plus de 35% de leurs revenus. Ce, en vertu des règles imposées aux banques par le Haut conseil de stabilité financière. Or le jeune couple gagne 3 300 euros net par mois.

Des revenus qui lui permettent aujourd’hui de décrocher ce fameux prêt de 200 000 euros, la baisse de 1,15 point des taux depuis novembre 2023 nécessitant de gagner «seulement» 3 250 euros net par mois, calcule Meilleurtaux. «Grâce à la baisse des taux de crédit, mais également des prix de l’immobilier, qui ont chuté de 10 à 15% en 18 mois, 80% des demandes de financement de compromis de vente signés qui arrivent chez nous sont sous la barre des 35%, soit un tiers de plus qu’en novembre 2023», se réjouit Maël Bernier, directrice de la communication du courtier, lors d’une conférence de presse, ce mardi 4 mars.

20 000 à 40 000 euros de capacité d’emprunt regagnés en 18 mois

Le regain de capacité d’emprunt des ménages est d’autant plus élevé qu’il faut distinguer les barèmes de taux envoyés par les banques aux courtiers des taux réellement négociés par ces derniers pour les emprunteurs. En ce début mars, les barèmes de taux sont globalement en baisse de 0,15 point, à 3,30% sur 20 ans, constate Maël Bernier. Mais, «en faisant jouer la concurrence entre les banques, qui espèrent réaliser une grande partie de leur production annuelle de crédit au premier semestre, on peut négocier des décotes de 20 centimes (0,20 point)» par rapport à cette fourchette, assure la porte-parole de Meilleurtaux.

Résultat, un ménage gagnant 4 000 euros net par mois a regagné environ 20 000 euros de capacité d’emprunt entre novembre 2023 et mars 2025. Avec le taux de 4,45% en vigueur il y a 18 mois, il ne pouvait plus emprunter que 213 000 euros, contre 282 000 euros en janvier 2022, quand les taux étaient aux alentours de 1%, soit 70 000 euros de moins. Avec un taux retombé à 3,30% aujourd’hui, ce ménage peut emprunter 234 000 euros. Un foyer gagnant 7 000 euros net par mois a, lui, retrouvé près de 40 000 euros de capacité d’emprunt depuis novembre 2023, sur les plus de 100 000 euros perdus depuis janvier 2022, avant la remontée rapide des taux.

Vers une stabilité des taux de crédit immobilier

Si Camille et Pierre avaient attendu quelques mois supplémentaires pour demander un crédit immobilier, auraient-ils obtenu un taux encore plus bas ? Rien n’est moins sûr, selon Maël Bernier, qui se veut «extrêmement prudente» sur l’évolution des taux de crédit immobilier dans les prochains mois. Cela en raison du taux d’emprunt à 10 ans de la France, exigé par les investisseurs internationaux pour prêter au pays, qui «stagne entre 3 et 3,5% depuis six mois», à 3,15% aujourd’hui, explique-t-elle. Les taux de crédit immobilier «suivant le plus souvent les OAT (obligations assimilables du Trésor) sur 10 ans, il ne peut pas y avoir de baisse drastique des taux de crédit. Si, avec une OAT à 3%, les banques prêtaient aux acquéreurs immobiliers à 2%, elles perdraient de l’argent», prévient la directrice de la communication de Meilleurtaux.

 

«A l’heure actuelle, seuls les très bons dossiers peuvent prétendre à des taux inférieurs à 3%, comme un ménage qui emprunterait 400 000 euros avec un apport de 200 000 euros», insiste-t-elle. Maël Bernier estime donc que les taux de crédit immobilier devraient rester à leur niveau actuel dans les prochains mois. Mais «il ne devrait pas y avoir de remontée», rassure-t-elle.